Judo aux JO – Un journal olympique 2024 – J4/8

Mardi 30 juillet – Mères fratries

 

 

JudoAKD#015 – Selon le site de référence JudoInside et son très rancardé fondateur Hans Van Essen, six combattantes engagées sur ces JO 2024 sont par ailleurs mères de famille à la ville. Il y a la Française Clarisse Agbegnenou, bien sûr, 31 ans, médaillée de bronze des -63 kg ce mardi et maman d’une fille de deux ans. Il y a la Néerlandaise récemment naturalisée italienne Kim Polling, elle aussi maman d’une fille de deux ans et qui tentera ce mercredi en -70 kg d’aller chercher la seule médaille qui manque à son palmarès. Il y a aussi la Guatémaltèque Jacqueline Solis, 35 ans, un petit tour et puis s’en va samedi en -48 kg et maman de deux filles de huit et six ans. Idem pour une autre battue d’entrée samedi en -48 kg, la Brésilienne Natasha Perreira, 25 ans et mère adoptive par soutien familial depuis ses 18 ans du fils de sa sœur, aujourd’hui âgé de huit ans. Jeudi, la catégorie des -78 kg verra l’entrée en lice de la Kenyane Zeddy Cherotich, 34 ans, deux fils de huit et trois ans et deux petites années de judo dans les jambes (!) après une longue carrière dans le lancer de javelot. En +78 kg, enfin, Mahboubeh Barbari Zharfi, devenue en 2023 la première ex-Iranienne à combattre sans foulard en championnats du monde, entrera en piste vendredi sous la bannière de l’Équipe olympique des réfugiés. À 32 ans, elle est mère d’une fille de neuf ans. [Edit du 01/08 : engagée à Paris, la -78 néo-zélandaise Moira Koster, née de Villiers, doit aussi jongler avec sa fille de six ans et le fils de treize ans que son mari a eu d’une précédente union, NDLR.]

Sept histoires de maternité, et pourtant pas une qui ne ressemble à l’autre.

Pour qui creuse un peu, il y a sur le circuit autant d’histoires fortes qu’il y a d’engagés – s’engager sur le circuit est déjà une histoire forte en soi. Un judoka est un être de chair et de sang, et le circuit reste un concentré de toutes les complexités de ce monde. Il y a celles qui ont fait le choix de devenir mères et celles qui ne l’ont pas choisi. Celles qui l’ont désiré et obtenu et celles qui ont essayé mais n’ont pas pu… Et il y a les hommes, aussi, aux trajectoires pas toujours cousues de fil blanc sur ces sujets-là.

Mardi en -63 kg, Clarisse Agbegnenou a complété sa collection de métaux précieux. Elle compte désormais l’or, l’argent et le bronze aux niveaux olympique et mondial. Sa tombeuse en demies, la Slovène Andreja Leski, interviewée à l’automne dernier et recroisée en avril lors d’un road trip familial passant par Ljubljana, avait, elle, la joie légère de celles qui ont longtemps attendu leur heure. Depuis le sacre de sa compatriote Urska Zolnir à Londres, un fascinant jeu de vases communicants est à l’œuvre dans cette catégorie des -63 kg. Sparring de Zolnir en 2012, Tina Trstenjak est devenue championne olympique quatre ans plus tard à Rio. À Tokyo, en 2021, c’est sa dauphine de Rio, la Française Clarisse Agbegnenou, qui prenait sa revanche en finale. Andreja Leski, elle, encore meurtrie d’être restée sur le carreau malgré son rang de n°4 mondiale, avait alors été sparring de sa camarade de club, la -57 kg Kaja Kajzer. De quoi humer l’air olympique une première fois avant de revenir avec les idées claires cette année à Paris. Dont acte.

 

Le Japonais Takanori Nqgase sur le chemin de son doublé olympique, ici en demies face l’Italien Antonio Esposito. ©Gabriela Sabau – IJF/JudoAKD

 

Chez les masculins, le Français Alpha Oumar Djalo prend un départ prometteur mais cède un tour avant les repêchages face au piégeux Ouzbek Sharofiddin Boltaboev. Dans une catégorie des -81 kg de plus en plus empêtrée dans de longues batailles de garde, la victoire finale est revenue au plus « judo » d’entre tous, le tenant du titre japonais Takanori Nagase, patient comme un piège et qui n’a pas son pareil pour crocheter avec son pied courbé les serrures les mieux verrouillées. L’homme n’avait pas fait retentir son hymne national pendant près de trois ans depuis son sacre tokyoïte. Il a retrouvé le chemin sur ses deux dernières sorties, en mars au Grand Chelem d’Antalya et en juillet aux JO de Paris. Une olympiade, et même deux, rondement menées. – Anthony Diao. Photo d’ouverture ©Gabi Juan – EJU/JudoAKD.

 

 

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