Catherine Beauchemin-Pinard – Le grade de grande sœur

Née le 26 juin 1994 à Montréal (Canada), Catherine Beauchemin-Pinard est devenue au fil des saisons, avec son bronze olympique de 2021, ses deux finales mondiales de 2022 et 2025 et ses neuf podiums depuis 2015 aux championnats et Jeux panaméricains, l’une des taulières de la formidable génération de judokas canadiens qui a émergé dans la foulée du bronze charnière obtenu aux JO 2012 par Antoine Valois-Fortier, l’ancien -81 kg devenu entraîneur. N°1 mondiale des -57 kg à vingt ans, n°1 mondiale des -63 kg à trente, elle confirme la solidité du système structuré au fil des ans par Nicolas Gill et bien d’autres autour de lui. « Ce qui m’inspire le plus chez Catherine, c’est sa combativité et son attitude, dit son coéquipier François Gauthier-Drapeau, vainqueur du Grand Chelem de Paris 2025. Elle combat en donnant tout ce qu’elle a et, dès qu’elle arrive au sol, elle continue d’en donner même si ça la fatigue et ça la fait souffrir. C’est une judoka avec plusieurs cordes à son arc et, contre les adversaires les plus fortes, elle fait flèche de tout bois. Je crois que cela vient de son instinct pour la bagarre et j’en suis jaloux un peu parfois. En plus de tout ça, je dirais que c’est une machine de l’entraînement. Elle est sur le circuit depuis je ne sais combien d’années et, encore aujourd’hui, à un âge où beaucoup raccrochent les patins, elle continue de pousser la machine et de livrer des performances historiques. Je crois qu’elle aime vraiment le monde du judo. » C’est de cette flamme intérieure que sa constance laisse entrevoir que nous avons décidé de parler ensemble, à la découverte d’une silhouette familière mais méconnue du circuit. Une personne-puzzle au CV bourré d’entrées en apparence mineures, entièrement mises au service d’un judo en sol majeur. – JudoAKD#038.

 

 

Une version en anglais de cet entretien est disponible ici.

 

 

 

Abou Dhabi, 21 mai 2024. En dominant Clarisse Agbégnénou en quarts de finale des championnats du monde pour la première fois en six affrontements, Catherine Beauchemin-Pinard inflige à la Française sa première défaite à ce niveau depuis 2015. ©Paco Lozano/JudoAKD

 

 

En quarts de finale des mondiaux d’Abou Dhabi en mai 2024 puis en demi-finales du Grand Chelem de Tbilissi en mars 2025, tu es devenue seulement la troisième -63 kg des douze dernières années (avec la Kosovare Laura Fazliu en 2023 et la Slovène Tina Trstenjak entre 2015 et 2017) à réussir à battre au moins deux fois d’affilée la Française Clarisse Agbégnénou, alors que cette dernière t’avait systématiquement dominée jusqu’alors.

Entre Clarisse et moi, les combats ont toujours été assez serrés. Notre première fois ensemble remonte à Cape Town en Afrique du Sud. C’était aux championnats du monde junior 2011 – ça date ! J’y avais combattu en -63 kg avant de redescendre en -57 kg. Je menais au début le combat par un shido et j’ai cru pouvoir gagner comme ça, mais elle a finalement réussi à me faire tomber…

 

Est-ce qu’aujourd’hui tu penses avoir trouvé la clé contre celle contre laquelle quasi toute la catégorie se casse les dents depuis trois olympiades ?

Je pense que j’ai toujours eu un style qu’elle aime moins voire qui la dérange… [Elle réfléchit] Tu sais, avec chaque personne que j’affronte, j’essaie un peu d’enlever le visage (sic), de me concentrer sur les faits, en tout cas sur ce que je peux faire pour gagner le combat, les techniques, tout ça. Je fais beaucoup de vidéos aussi avant les combats, surtout quand je sais que je vais sûrement me battre contre elle. À l’entrainement, je me fais des petites notes sur le côté. Qu’est-ce qui marche, qu’est-ce qui marche moins bien… Je pense que tout ça, ensemble, avec les années, ça a permis que les deux dernières fois que nous nous sommes affrontées, ça a bien marché. En tout cas j’avais le bon mental pour.

 

Ton ancien coéquipier devenu entraîneur, le médaillé olympique et mondial Antoine Valois-Fortier, m’expliquait qu’il avait travaillé avec un sparring-partner japonais à l’approche des JO de Rio. Ce combattant avait le morphotype de Loïc Pietri, l’un de ses principaux rivaux à l’époque. Et il se trouve qu’au premier tour des JO Antoine a pris Loïc et qu’il a réussi à l’éliminer. Tu as eu, toi, l’occasion parfois d’avoir ce genre de partenaires ?

Non mais c’est effectivement quelque chose que nous faisons beaucoup au Canada. Par exemple pour les championnats du monde de Budapest cette année, nous faisons venir un Japonais et, pour ce qui me concerne, une -63 kg, Momo Tatsukawa, qui a déjà plusieurs médailles en Grand Slam. Un autre Japonais est arrivé avant les Jeux et je pense que lui, il veut rester au Canada, vraiment. Le jeu au Canada, c’est quand même de faire venir souvent des Japonais et des Japonaises, pour avoir ce type d’opposition à l’entraînement en amont des Jeux ou des championnats du monde. Et quand ces partenaires d’entraînement-là veulent rester, c’est idéal pour nous. En ce qui me concerne, c’est une première. J’ai une partenaire d’entraînement canadienne avec qui je m’entraîne tous les jours à Montréal, Laurence Biron. Elle a fait les Panams et j’espère qu’elle pourra bientôt faire les championnats du monde.

 

Tu parlais des championnats du monde juniors de 2011 et de ta première rencontre avec Clarisse. Fin 2013, j’avais écrit sur Margaux Pinot qui déboulait elle aussi dans la catégorie. Bruno Douet, le premier entraîneur de Margaux, m’avait dit que ces championnats du monde de 2011 lui avaient donné à observer quelque chose d’inattendu chez Clarisse, à savoir son émotion au moment de décrocher la médaille de bronze sur ces mondiaux juniors. Ça l’avait frappé car Clarisse avait déjà des résultats en seniors, avec notamment ce titre à dix-huit ans au prestigieux Grand Chelem de Tokyo. Pour lui le podium junior à Cape Town était presque aussi important pour Clarisse, parce que justement c’était en junior. Il y avait cette notion de ne pas brûler les étapes… Toi aussi tu as commencé à performer en sénior alors que tu étais encore junior. Ça a pu être important, pour toi aussi, de bien finir tes années juniors ?

Oui, je me souviens que lorsque je fais ma première médaille aux championnats du monde juniors, en 2013, je commençais déjà à sortir sur les coupes continentales seniors en Amérique du Sud. À cette époque, je commençais aussi à faire les Grands Slams, mais je n’avais pas encore fait de résultats du niveau de cette première médaille mondiale junior. Et puis en 2014 je bats deux fois l’Américaine Marti Malloy… Marti, c’était quand même podium aux JO 2012 et finale aux championnats du monde 2013. C’était du solide.

 

Oui, je suivais Marti cet été-là et c’est vrai que ton nom est rapidement arrivé dans la conversation…

C’est pas venu du jour au lendemain, mais j’ai commencé à faire de gros résultats vraiment tout d’un coup. J’ai gagné une coupe du monde, un Grand Prix puis un Grand Slam back-à-back en l’espace d’un mois, sur trois continents qui plus est. Puis c’est là que j’ai fait les championnats du monde senior de Chelyabinsk et que ça n’a vraiment pas bien été [battue au premier tour par la Bulgare Ilieva, NDLR]. Ça a été une grosse déception. Heureusement les championnats du monde junior de Fort Lauderdale, qui ont eu lieu juste après, m’ont permis de rebondir de cette défaite. J’y termine troisième et c’est une manière de fermer le chapitre de mes années junior. Et de me concentrer ensuite sur la qualification olympique.

 

Tokyo, 27 juillet 2021. La joie d’une première médaille olympique. ©Paco Lozano/JudoAKD

 

En regardant les stats sur cette époque-là, il y a ce premier combat contre Clarisse en 2011, mais tu bats aussi Christa Deguchi sur ces années juniors. Question piquante : qu’est-ce qui fait qu’à un moment, tu bats des gens en juniors et qu’après, ces personnes-là te passent devant sur le circuit senior ? Est-ce que les vérités des juniors ne sont pas forcément celles des seniors ? Sur quoi ça se joue, ces trajectoires ? C’est une affaire de maturation ?

Tu sais j’en ai vu des personnes qui ont fait championnes du monde cadet ou été vraiment fortes en junior et puis, arrivées en senior, ont eu un peu la tête enflée [rires]… Il faut dire aussi qu’il y a un paradoxe dans le fait de beaucoup gagner quand tu es jeune…

 

Lequel ?

C’est tout bête à dire mais ça ne t’apprend pas à perdre. Or savoir perdre, c’est une chose vraiment importante dans le judo. Apprendre à perdre, c’est apprendre à surmonter la défaite, juste après. Quand tu gagnes tout lorsque tu es jeune, je trouve qu’ensuite, c’est plus dur sur le long terme… Et même là, il y a des nuances selon le niveau.

 

C’est-à-dire ?

Il y a des gens pour qui faire troisième ou deuxième aux championnats du monde, c’est un échec. D’autres pour qui faire n’importe quelle médaille voire juste Top 7 au même niveau, c’est une victoire. Tout dépend de ton niveau, de comment tu le vois et de comment tu te vois… Tout ça pour dire qu’être capable de te relever après des défaites, ça aide vraiment pour le long terme.

 

As-tu le souvenir de combats qui ont généré de grosses remises en question après ? Sur les championnats du monde 2014 à Chelyabinsk, j’étais posé en tribunes avec Antoine et tu n’étais pas loin de nous. Il me disait que tu accusais le coup…

C’est vrai. Après, est-ce que c’était au point de tout me faire reconsidérer ? Je dirais que j’étais surtout déçue. Après ça, j’ai juste ajusté un peu pour la suite, parce que c’était vraiment ma première grosse chute. J’étais montée vraiment haut, avec trois compétitions remportées consécutivement au Salvador, en Mongolie et en Russie. Cela avait généré des attentes nouvelles de la part des autres. J’étais quand même première au classement mondial sur ces championnats. Tout le monde était persuadé que j’allais faire une performance. La grande leçon de ces championnats, ça a été ça : apprendre à gérer les attentes des autres. Réussir à les mettre de côté pour vraiment me focuser sur ce qui est important pour moi quand je me prépare pour une compétition.

 

Il y a eu d’autres moments d’introspection comme celui-ci ?

Oui, sur mes derniers temps en -57 kg, avant de monter en -63 kg. J’avais eu beaucoup de contre-performances qui m’avaient fait réaliser qu’il fallait que je monte de catégorie de poids, parce que je ne performais plus au niveau où j’étais capable de performer.

 

 

L’autre dossard de Catherine Beauchemin-Pinard. ©Antoine Saito/JudoAKD

 

Tu as vingt-deux ans quand tu te décides à monter en -63 kg. C’est au retour des Jeux de Rio. Le poids, ça a été un sujet pour toi, si me souviens bien…

Mais en fait, j’ai même écrit un livre dessus, tu sais [sourire].

 

Ah oui ? Pardon, c’est passé sous mon radar. Il est sorti récemment ?

Juste avant les Jeux de Paris. Ça raconte justement mon histoire avec l’alimentation et les problèmes que j’ai eu à gérer sur ce plan. Je l’ai d’ailleurs offert à Clarisse juste avant le Grand Slam de Géorgie où nous nous sommes affrontées, en mars dernier. Elle me l’avait demandé et j’ai décidé de le lui dédicacer et de le lui donner sur le camp d’entraînement de Nymburk en République tchèque… Sur la gestion du poids, avant les Jeux de Rio, c’était correct. C’est vraiment après les Jeux de Rio que ça s’est joué. J’ai été battue au premier tour par la Hongroise Hedvig Karakas. C’était quand même une grosse déception. Derrière, ça a tout explosé au niveau de mon poids. J’étais beaucoup dans la fête. J’avais aussi remis plein de choses à après les Jeux. Résultat : j’ai pris dix kilos en deux ou trois mois.

 

Ah oui ? Tu rigoles pas, toi. Quand tu montes, tu montes !

J’étais à 57, puis je faisais 68 après les Jeux. Et puis j’ai décidé que je voulais redescendre en 57. J’ai fait six mois à essayer de faire 57, mais c’était pas très jojo. Après, ma perte de poids, j’essaie en général de la descendre tranquillement. Le problème c’est qu’il y avait Noël entre les deux [rires]. Finalement, j’ai tout repris le poids… L’objectif c’était de faire les championnats du monde de l’été 2017 en -57 kg. Avant cela, il y avait le Grand Slam à Paris en février.

 

Compliqué ?

Je me souviens, je suis revenue de Noël, et en fait j’étais de retour à la case départ. Je faisais à nouveau 67, 68 kg. Mais j’ai quand même, en un mois, réussi à tout perdre pour être en -57 à Paris. Après ça, ça a été beaucoup de yo-yo, beaucoup de déshydratation, au point que je me décide à prendre rendez-vous avec une psychologue spécialisée en nutrition. C’est elle qui m’a fait réaliser que je ne pouvais plus faire en -57 kg. Je me souviens encore, j’entre dans son bureau et puis je dis que j’aimerais ça : être heureuse de faire en -57 kg. Et elle, elle me dit : je ne pense pas que ce soit possible. Nous avons ensuite discuté le pour et le contre des deux possibilités.

 

Quels étaient les arguments dans la balance ?

Le gros point contre ma montée en -63 kg, c’est juste que j’avais peur du changement. Tu sais, j’étais vraiment habituée en 57. Je connaissais toutes les filles. Je savais comment les battre. J’avais mes plans contre chacune d’elles. J’avais ma routine. Bref, les -57, pour moi, c’était le confort. Les -63, en revanche, c’est un peu l’inconnu. Monter, ça veut dire aussi que je dois refaire mes preuves en -63. Et refaire mes preuves, ça commence par le niveau canadien, pour avoir les financements pour les compétitions, etc. C’est tout ça qui m’empêchait au début de changer.

 

Ton livre revient aussi sur ton parcours ?

Oui, il revient sur mes débuts. Ce que j’ai fait, comment j’ai développé les problèmes alimentaires à travers les pertes de poids, tout ça. C’est davantage pour sensibiliser justement à faire attention aux biais à répéter. J’essaie vraiment d’enseigner une façon saine de perdre du poids, sans répéter toutes les erreurs que j’ai moi-même commises, en fait.

 

C’est-à-dire ?

Être capable d’avoir tous les aliments sans privation, ne pas avoir d’aliments interdits. Je peux faire aussi de la nutrition : expliquer ce que c’est que les micro-nutriments, les macro-nutriments, ce qu’une athlète de haut niveau mange, ce que tu devrais manger en journée, ça ressemble à quoi une assiette équilibrée, comment tu dois réduire tes assiettes, tes portions, par quoi tu dois commencer à couper en premier, les glucides, tout ça. Je dis aussi comment je perds mon poids à la fin, comment gérer la déshydratation, comment le faire d’une façon qui fait du sens… Et je le répète à chaque fois : chaque personne est différente. Chaque personne a son niveau de tolérance, sa manière de s’hydrater, sa façon de perdre son poids etc.  C’est à toi de trouver ta recette magique. Le but n’est pas de faire un poids, mais de performer le lendemain. Il y a une cinquantaine de recettes à la fin. Et de très belles photos [sourire].

 

Tu as acquis de solides compétences en nutrition au fil de ta carrière, à ce que je vois.

Si c’était à refaire, peut-être que j’aurais fait des études en nutrition, oui. C’est un sujet qui m’intéresse beaucoup, l’alimentation. Et j’aime cuisiner en général même si j’ai peu de temps pour le faire…

 

La Belge Amélie Rosseneu avait fait un bouquin sur ce sujet il y a quelques années aussi.  Elle était coach en Israël, avant de se spécialiser dans la diététique justement… En France, la -52 kg Amandine Buchard a notoirement connu une première partie de carrière minée par cette question des régimes…

Oui, je la voyais en compétition, j’ai su certains détails… Elle, c’était vraiment à un autre niveau. Elle s’est fait vraiment peur. Et là tu as vu que maintenant elle s’est lancée un double défi ?

 

Oui, le sujet a été longuement raconté dans les médias français

Est-ce qu’elle ne se met pas beaucoup de pression ? C’est beaucoup de choses à gérer. J’avoue, deux trucs de haut niveau comme ça, c’est impressionnant.

 

 

 

Changer de catégorie, c’est aussi rebattre les cartes de la concurrence interne en équipe nationale. En -63, l’autre Canadienne à l’époque était Stéfanie Tremblay.  Comment avez-vous géré cette rivalité nouvelle ?

Il y a toujours des petits accrochages qui peuvent arriver ici ou là. C’est compréhensible. Jusqu’au milieu de l’olympiade de Rio, nous étions toutes les deux en -57 kg. Et comme j’avais pris beaucoup d’avance sur la saison 2014, elle aussi avait essayé de tenter le coup en -63 kg pour les Jeux de Rio. Forcément, quand j’ai rechangé de catégorie de poids pour monter à mon tour en -63 kg, ça l’a sûrement un peu affectée.

 

D’autant, comme tu le dis, qu’il y a la question des financements qui se pose…

Exactement. Je monte pour de bon à l’automne 2017, juste après les championnats du monde de Budapest. Les résultats sont venus relativement vite, ce qui m’a permis justement de prendre les financements, et je comprends tout à fait que ça l’ait touchée. On se bat tous pour faire les Jeux et, quand tu regardes par exemple Jessica et Christa, c’est un crève-cœur. Tu sais, même si nous sommes une équipe, à l’arrivée il n’y a qu’une personne par catégorie qui peut aller aux Jeux. C’est difficile pour ça, et pourtant nous ne sommes pas une super grosse équipe comparé à d’autres pays comme la France ou le Japon, où il y a vraiment beaucoup de rivalités. En même temps, peut-être qu’avoir des rivalités comme ça, c’est vraiment pas mauvais. Ça aide à rehausser le niveau de chaque carrière. Je pense par exemple que ce n’est pas pour rien que Christa et Jessica sont les deux meilleures -57 au monde. Ni l’une ni l’autre n’avait le choix. Chacune devait être à son meilleur pour aller au Jeux. Et être meilleure que l’autre, ça les a poussées à devenir meilleures que toutes les autres – et donc à être les deux meilleures au monde en -57 kg.

 

D’ailleurs, à l’heure où nous nous parlons, Jessica n’a fait qu’une compétition depuis son podium aux mondiaux d’Abou Dhabi en mai 2024. C’était au Grand Chelem de Bakou en février 2025, et elle s’y classe deuxième en… -63 kg. C’est provisoire ou elle veut rester en -63 ?

Elle veut rester.

 

Ça vous fait une rivalité à venir, là aussi !

Oui, et c’est une bonne rivalité, une fois encore… En fait la vraie question aujourd’hui pour moi c’est : est-ce que je vais faire les prochains JO ? C’est encore vraiment loin et j’ai aujourd’hui un gros doute sur ma volonté de me rendre jusque-là.

 

Ah oui ?

Je te dis ça et en même temps, si nous sommes en rivalité toutes les deux pour Los Angeles, on va se battre le plus fort qu’on peut et après ce sera que la meilleure gagne. Parce que nous le savons toutes les deux : si nous restons sur notre réserve et qu’on est là à toujours penser l’une à l’autre, on ne s’aidera pas à devenir meilleures. Nous, ce qui nous rend fortes, c’est quand par exemple en camp d’entraînement, l’une de nous va se battre contre une nouvelle venue chez les -63 kg et qu’elle va dire ensuite à l’autre comment la fille lui a fait la misère, tout ça. S’échanger des conseils, des impressions, comprendre comment l’autre pose ses mains… Si c’est moi je vais lui dire moi je l’approche comme ça, ou je lui ai fait ça aussi… C’est comme ça que je vois le truc en tout cas.

 

C’est très « entraide et prospérité mutuelle », tout ça… Et les entraîneurs, comment ils se positionnent dans ce cas de figure ?

Bien sûr que quand on arrive pour se battre en compétition contre une compatriote, ils ne vont pas sur les chaises et ils ne prennent pas parti. D’ailleurs à ce propos, j’ai eu une bonne discussion récemment avec Janusz [Pawlowski, multimédaillé olympique et mondial des -65 kg pour la Pologne entre 1979 et 1988, aujourd’hui membre du staff de Judo Canada, NDLR]. C’était sur le Grand Slam de Géorgie en mars dernier. Il y avait une possibilité que Jessica et moi nous rencontrions sur la journée. J’en ai parlé à Janusz et lui il m’a juste dit : « Tu sais Cath, moi, j’aime juste le bon judo. Si vous êtes capables de faire un bon show, de faire un bon judo, alors que la meilleure gagne et moi je serais content. » Et il a ajouté : « Après, tu sais, si Jess fait des erreurs, si toi, tu fais des erreurs, alors on va en reparler tous ensemble, et puis nous corrigerons ces erreurs. C’est aussi simple que ça. »

 

Budapest, 16 juin 2025. Sur la route d’une seconde finale mondiale en trois ans. ©Paco Lozano/JudoAKD

 

Es-tu issue d’une famille de judokas ? 

En fait, j’étais la moins sportive de ma famille. Nous étions trois enfants. Mon frère et ma soeur sont plus vieux que moi, on a chacun un an de différence. Nous étions une famille plutôt sportive en général. On allait faire du vélo, on sortait beaucoup. Étant la plus jeune, j’étais aussi celle qui traînait la patte à l’arrière, en fait. Mes parents voulaient vraiment nous inscrire à un sport. Mon frère faisait du taekwondo, ma soeur faisait du soccer, et moi j’ai essayé plein de trucs. J’ai essayé la danse – j’étais nulle à chier -, le trampoline, le soccer – j’ai cueilli des pissenlits sur le terrain… Rien ne me plaisait vraiment. Et puis un jour, j’ai fait une lecture sur Nicolas Gill à l’école primaire. C’est un texte qu’il fallait analyser. J’avais neuf ans, et lui disait dans le texte comment il avait eu la piqûre pour le judo. De mon côté, je me cherchais un peu, j’avais pas encore trouvé le sport qui allait me fitter. Ce soir-là, j’ai dit à mes parents : « Maman, Papa, je veux faire du judo. Je veux avoir la piqûre pour le judo. » C’est un peu comme ça que j’ai commencé.  Jusqu’alors, j’étais davantage portée sur l’artistique.  Jamais mes parents n’auraient bété [parié, NDLR] sur moi pour que j’aille aux Jeux olympiques. Mais j’ai une tête dure, c’est plus ça qui a aidé.

 

Avec les années, tu es devenue l’une des meilleures spécialistes au sol du circuit. Ça a toujours été une arme dans ton judo ?

Oui j’ai vraiment toujours été forte au sol, même à l’époque quand je faisais les championnats canadiens. J’ai de la chance d’avoir depuis plus de vingt ans un coach de club qui m’en fait faire beaucoup. C’est Frédéric Feréal, il vient du club français de Saint-Nazaire, qui faisait beaucoup d’échanges avec mon club de Saint-Hubert. C’est comme cela qu’il a rencontré Marisol Laroche, sa femme, et qu’il est venu s’installer au Canada. Tous les deux travaillent beaucoup au sol. Ils m’ont donné de bonnes bases que j’ai encore continué à améliorer lorsque je suis passée à temps plein au Centre national.

 

Avec qui travaillais-tu, à ton arrivée au Centre national ?

Avec Marie-Hélène Chisholm, qui avait fait cinquième des -63 kg aux Jeux d’Athènes en 2004. C’est quelqu’un de très fort en ne waza, qui nous faisait faire beaucoup de randoris au sol. J’ai d’ailleurs intégré son sankaku dans l’une des variations du mien.

 

Et ce que tu travaillais à l’entraînement, tu arrivais à le transposer en compétition ?

Oui, dès les juniors j’ai vu que c’était un véritable atout. Je me disais : si ça ne marche pas debout, au moins j’ai ça, et c’est toujours comme ça que je l’ai vu. D’ailleurs, quand j’enseigne le ne waza, je répète souvent que « debout, on a une façon de gagner ; au sol, on en a trois ». Pourquoi ne pas en profiter ? D’autant que ça a l’avantage d’être moins traumatisant que debout.

 

C’est un peu comme ça que le Tchéque Lukas Krpalek voit les choses lui aussi. Dans un entretien à Prague début 2024 pour l’hebdomadaire français L’Équipe Magazine, il me disait qu’il y avait tellement de moyens d’être pénalisé debout, que le sol restait le meilleur moyen de jouer la sécurité et de dérouler sa séquence sans trop de mauvaises surprises au bout…

Je suis d’accord. Après, même en partant du sol, il faut aussi rester vigilant. Regarde ce qui est arrivé à Clarisse cette année en finale des Europe face à la Tchèque Zachova…

 

C’est vrai. Quoi que dans ce cas précis j’ai eu l’impression qu’elle a voulu trop bien faire et qu’elle a confondu vitesse et précipitation..

Oui des fois, t’es dans l’émotion, et après ça va très vite. Même quand tu as l’expérience qu’a Clarisse.

 

« Debout, on a une façon de gagner ; au sol, on en a trois. » ©Paco Lozano/JudoAKD

 

Ce que tu dis sur le sol me fait penser à Francis Clerget, le papa du double médaillé mondial Axel Clerget. Il est très connu pour son travail au sol et ses enfants aussi. Lors d’un entretien pour L’Esprit du judo autour du ne waza, il m’avait dit un truc qui m’avait marqué. Selon lui, le judo commence au sol et se finit debout.

Ah oui ?

 

D’après lui, en gros, le premier passage au sol d’un combat modifie les rapports de force. Au matte, il y en a un des deux qui va comprendre que l’autre est très fort au sol et qu’il vaut mieux qu’il n’y retourne plus. Au retour debout, il va devenir un peu plus nerveux. Donc il va ouvrir. Et ces ouvertures, elles ne seraient pas apparues si vite si l’autre n’avait pas suscité un sentiment d’inquiétude au vu de sa maîtrise du sol. Tu vois le truc ?

Oui je vois ce que tu veux dire. Moi aussi j’observe que certaines fuient le sol, et que cette fuite crée des ouvertures pour moi… Ce que j’aime du sol, c’est que lorsque tu es comme moi habituée à travailler dans ce domaine, tu ressens moins la fatigue sur les muscles des jambes que celles qui ont moins pris cette habitude.  C’est une façon, je trouve, de fatiguer l’autre. Lorsque je fais une séquence d’une minute au sol, même s’il n’y a pas ippon au bout, je sais que ça l’a fatiguée. Des fois je fais même plus long, des séquences d’une minute et demie, juste au sol, sans matte.

 

Tu parlais de ce que tu as appris auprès de tes enseignants à Saint-Hubert mais aussi auprès de Marie-Hélène Chisholm. Tu as eu d’autres sources d’inspiration depuis pour peaufiner ton ne waza ?

J’ai pris beaucoup de choses de différentes personnes, avec les années. Travis Stevens, par exemple. Il est venu au camp d’entraînement à Montréal et, comme c’est la coutume lorsque nous recevons des athlètes venus d’autres clubs, il dévoile une de ses techniques. Depuis ce moment-là, j’ai commencé à la faire aussi, et je dois dire qu’elle me convient bien. En clair, plus tu pratiques, plus tu apprends, et plus ton judo s’enrichit.

 

Fais-tu partie de ces judokas qui, comme le Polonais Pawel Nastula, le Néerlandais Mark Huizinga ou la Japonaise Shori Hamada ne perdent jamais au sol ?

Euh, ça m’arrive, hein ! Je pense que les fois où je perds au sol, c’est quand mon adversaire trouve de vraies bonnes transitions. Pour moi, c’est avantageux de rester longtemps au sol. C’est comme ça que je parviens à coincer les personnes : lorsque j’arrive au sol et qu’on passe à la clé, puis à l’étranglement, l’immobilisation, et ainsi de suite jusqu’à ce que l’autre cède. Dans les transitions rapides, celles où l’autre a encore mon bras par exemple, ça peut parfois être plus compliqué. C’est ce qui m’est arrivé un jour face à la Française Manon Deketer. Il faut que je sois prudent face à des profils comme celui-là, qui te saisissent le bras et ne te le lâchent pas.

 

Et les Japonaises ?

Les Japonaises aussi sont très fortes dans ce domaine, c’est clair. Celle qui a changé de nom, là…

 

Miku Tashiro, aujourd’hui Miku Takaichi ?

Voilà. Nous nous sommes rencontrées au Grand Slam de Tokyo en 2022 et elle m’a prise au sol, elle aussi. D’ailleurs cette année-là elle gagne la compétition et elles étaient quatre Japonaises sur le podium !

 

En -57 kg il y a quelques années, la championne olympique Kaori Matsumoto avait fait du sol une arme centrale de sa stratégie pour fatiguer l’autre. Elle semblait ne pas chercher forcément à gagner au sol, mais elle y mettait une telle intensité que, quand l’arbitre annonçait matte, tu voyais les deux filles se rhabiller et tu voyais que l’autre était souvent échevelée et ne savait plus où elle habitait. D’ailleurs c’était souvent sur la séquence suivante, debout ou au sol, qu’elle commettait une erreur et que la décision se faisait…

Oui, c’est vrai qu’elle ne faisait pas tant tomber tant que ça. Et vu son palmarès, c’est bien que ça se jouait ailleurs. Dans mes souvenirs, elle faisait vraiment de longs combats, tout en étant super rapide et précise dans ses actions. Nous ne nous sommes jamais prises en compétition, par contre.

 

Le podium olympique au bout d’une olympiade de cinq ans, marquée par un changement de catégorie de poids et de longs mois de doutes liés à la pandémie. ©Paco Lozano/JudoAKD

 

 

Comment as-tu géré la période du confinement ? Je te pose la question car tu as enchaîné ensuite une médaille olympique en 2021 et une finale mondiale en 2022, ce qui tend à montrer que cette période t’a plutôt été bénéfique…

Je pense que le confinement m’a fait du bien, oui. Il a été pour moi l’occasion de prendre du repos. Je suis quelqu’un de très occupée d’habitude. Mon calendrier, il se boucle quand même assez vite et j’ai sans arrêt des activités à droite, à gauche. Tout le long de ma carrière, un de mes problèmes a été d’être capable de me reposer. Le fait cette fois de ne pas pouvoir voir grand monde ne m’a pas laissé le choix. Je pense que ça m’a aidé à un certain point, parce que les fins de semaine, je ne pouvais pas faire vraiment d’activité. Tout mon focus était sur le judo et sur ma récupération. Je pense que ça a vraiment aidé.

 

Et au niveau de l’équipe du Canada ?

Le groupe s’est recentré sur les athlètes qui allaient aux Jeux. Nous fonctionnions par petits groupes. Je pense que ça n’a pas été une mauvaise chose parce que les entrainements étaient vraiment personnalisés. Souvent, avec Jess, on faisait plus de drills, par exemple.

 

C’est quoi, les drills ?

Ce sont des petits circuits judo, pour faire monter le cardio à base de déplacements et de soulevés. Tu as un temps donné pour le faire avec ton partenaire à tour de rôle. Janusz, c’est le maître dans cet exercice. Il sait bien nous torturer avec ça [sourire].

 

As-tu le sentiment, à présent que tu as passé la trentaine, d’avoir atteint ton plein potentiel ?

C’est clair qu’après ma médaille aux Jeux de Tokyo, je ne savais pas si j’allais continuer jusqu’à Paris. J’avais dit à Antoine : je vais aller chercher la médaille aux mondes que je n’ai pas encore eue, d’où ma préparation pour Tashkent. Et puis, rendue aux mondes, justement, je fais ma médaille. Or cette olympiade-là, c’était juste trois ans. Nous étions déjà rendus en sélection olympique, et je me retrouvais avec un bon classement pour me sélectionner pour les Jeux. Je ne voulais pas regretter de ne pas avoir continué avec une aussi belle position de départ. D’autant que ce résultat montrait que j’avais encore le potentiel pour aller chercher une nouvelle médaille olympique. C’est un peu comme ça que j’ai continué jusqu’à Paris. Je me disais juste, non pas que c’est de l’extra, mais que tant que je m’amuse, puis que j’aime encore mon sport, je vais continuer. J’ai toujours raisonné comme ça. Et c’est une des raisons pour lesquelles je continue encore. J’aime ça, m’entraîner. J’aime le judo, j’ai encore du plaisir à en faire. Pour l’instant.

 

Aux Jeux de Paris tu te classes septième…

J’espérais aussi faire ma médaille à Paris comme je l’avais faite à Tokyo. Or je me suis blessée la main gauche à l’entraînement une semaine avant les Jeux. À Paris, je me suis battue avec la main cassée, même si je ne l’ai su qu’après avoir passé des radios à mon retour au Canada.

 

C’est l’une des raisons pour lesquelles tu dis que tu n’es pas tout à fait sûre encore de pousser jusqu’à Los Angeles ?

Je prends vraiment les choses une année à la fois, parce que j’ai en parallèle plusieurs projets dans ma vie. J’ai fait des études en Arts plastiques durant trois ans entre le high school et l’Université. J’ai aussi fait un bac en comptabilité, puis des études supérieures en fiscalité, et là je veux faire mon CPA et je travaille à temps partiel environ quinze à vingt heures par semaine en fiscalité.

 

C’est pas banal, en effet. Et c’est quoi, CPA ?

Comptables professionnels agréés… J’ai l’intention de me spécialiser en fiscalité et en taxes. Je pense faire ma maîtrise là-dessus. Au début, je pensais faire de la recherche en sport, mais là, je pense peut-être la faire en fiscalité internationale. Ça m’intéresse beaucoup. Et là, tu vas me dire : pourquoi ne pas tout combiner et faire de la recherche en fiscalité internationale sur les athlètes ? J’avoue que j’ai hésité.

 

Tu penses garder un pied dans le judo après ta carrière ?

Oui j’aimerais. En parallèle de mes longues études, j’ai commencé à prendre des cours pour coacher. Il me reste à passer l’examen final. J’ai le goût de coacher mais je ne sais pas encore à quel niveau : national, dans les clubs, international…  Parce que j’ai aussi le goût d’arrêter complètement le judo international pour juste me concentrer à sur mon club. M’impliquer dans les compétitions ? Sûrement. C’est une chose que j’aime faire, ça aussi. J’y suis allée pas mal ces derniers temps pour faire la promotion de mon livre et j’aime aller rencontrer les jeunes. Je pense donc rester un peu dans le judo, même si je ne sais juste pas encore comment.

 

 

 

Les mondiaux de Budapest sont passés. Tu y as décroché ta deuxième médaille d’argent à ce niveau après celle de 2022, ne t’inclinant qu’en finale face la Japonaise Haruka Kaju, invaincue cette saison. Quel est le sentiment qui prédomine ?

Je suis contente de cette nouvelle médaille d’argent. Je n’ai pas de regrets car c’est trop facile, les regrets. Au contraire : je m’étais blessée au LCL du genou droit cinq semaines avant les mondes. Je suis déjà heureuse d’avoir pu combattre.

 

Tu as encore une fois montré de grosses qualités au sol jusqu’en finale où c’est cette fois la Japonaise qui parvient à t’immobiliser…

Je suis effectivement confiante au sol. Je n’ai pas l’habitude qu’on vienne me chercher dans cet exercice. Les rares fois où j’ai eu à céder c’était plutôt sur des séquences de transition. De mémoire, les seules qui m’ont dominées dans cet exercice sont la Française Manon Deketer, la Japonaise Miku Takaichi et la Britannique Lucy Renshall… Haruka Kaju, qui me domine en finale à Budapest, c’est une nouvelle venue. Elle a débarqué sur le circuit international en décembre dernier au Grand Slam de Tokyo, qu’elle a remporté. Elle a ensuite gagné celui de Paris et les championnats d’Asie, avant de remporter ces mondiaux. Partie comme elle est, je pense que le staff japonais va la pousser jusqu’à Los Angeles.

 

Quel bilan pour l’équipe canadienne sur ces mondes ?

Nous n’avons présenté que cinq combattants sur ces mondiaux : Kelly Deguchi et Evelyn Beaton en -52 kg, François Gauthier-Drapeau en -81 kg, Kyle Reyes en -100 kg, et moi. C’est souvent comme ça en année post-JO. Jessica était blessée au coude, Arthur Margelidon n’était pas encore dans les points, Christa en année de repos. Et nous n’avons pas fait les équipes mixtes. La seule fois que nous les avons faites, c’était en 2017 à Budapest et Kyle s’était tapé tous les gros [sourire] !

 

Te voici n°1 mondiale des -63 kg, comme tu l’avais été en -57 kg au début de ta carrière. Une belle fierté j’imagine… 

Oui d’autant qu’en -63 kg je suis moins entamée par les descentes au poids. Et les résultats sont là. Pour le reste, je vais prendre un peu de repos puis m’asseoir bientôt avec Antoine et faire le point pour la suite.

 

Que dirait la Catherine de 2025 à la Catherine qui nouait sa toute première ceinture blanche quand elle avait neuf ans ?

Quand je regarde ma carrière, il n’y a pas grand-chose que je changerais. Chaque chose que j’ai faite, j’ai appris un truc. La seule chose que je dirais, c’est ce que mon coach me répétait tout le temps quand j’étais jeune : amuse-toi, aie le sourire sur le tapis. La pression ? À quoi bon ? C’est un peu comme ça que je suis tombée en amour avec le judo. Le judo pour moi c’est d’abord des jeux – pas les Jeux, des jeux, quelque chose de ludique, quoi. C’est aussi une deuxième famille.

 

Tu arrives à partager des bons moments avec tes rivales ?

Oui pour moi, quand c’est sur le tapis, c’est une chose, et à l’extérieur, c’est autre chose. Il y a des combats que j’adore faire en camp d’entraînement, avec Clarisse ou avec Andreja Leski par exemple. Je m’amuse quand nous faisons ensemble, malgré notre rivalité en compétition. Et puis tu sais, je souris souvent quand je me bats avec certaines filles, parce qu’il y a des choses que je trouve drôles. Il y a des choses que j’essaie de faire, d’autres que je rate. Et alors ? M’amuser, avoir le sourire, c’est surtout ça qui est important. – Propos recueillis par Anthony Diao, printemps-été 2025. Photo d’ouverture : ©Paco Lozano/JudoAKD.

 

 

 

Une version en anglais de cet entretien est disponible ici.

 

 

 

« M’amuser, avoir le sourire, c’est surtout ça qui est important. » ©Paco Lozano/JudoAKD

 

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